EN SUSPENS

Portraits & témoignages de demandeurs d'asile

2020-2022

70 photos / Textes témoignages

« En suspens » dresse le portrait de personnes ayant choisi la route de l’exil pour fuir les persécutions dans leur pays et chercher un refuge, une protection en France.

Durant deux années, Frédéric Taran est allé à la rencontre de demandeurs d’asile accueillis au Cada* du Gers France terre d’asile.

Une fois la demande d’asile déposée, les demandeurs se retrouvent dans une situation d’attente durant laquelle l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) étudie leurs dossiers pour statuer sur la reconnaissance de la qualité de réfugié, apatride et à l’admission à la protection subsidiaire.

« En suspens » propose un éclairage sur les raisons pour lesquelles ces personnes ont fui leur pays et traite de cette étape particulière, la demande d’asile. Cette série de photographies donne à voir comment ces personnes occupent leur quotidien et vivent cette période d’attente source d’angoisses et d’espérance.

A l’instinct et sur l’instant, Frédéric Taran s’est laissé guider au fil des rencontres et des relations qu’il a pu tisser avec ces personnes et parfois, malgré la barrière de la langue. Le photographe a tenté de capturer ces instants simples mais importants qui rythment leur quotidien et qui leur permettent d’affronter cette période. Par son travail photographique associé aux témoignages qu’il a pu récolter, Frédéric Taran aborde les difficultés auxquelles sont confrontées ces personnes en arrivant en France : l’exil, la vie dans la rue, l’apprentissage de la langue, la santé mentale, l’accès au soin, au travail, l’isolement, l’attente. Il parle également de leur courage, leurs ambitions, leurs rêves…

Des vies mises « en suspens » le temps d’entreprendre un début de reconstruction et d’acquérir un début d’autonomie, motivées par l’espoir d’un avenir à l’abri de tout danger, en sécurité.

Ce travail a fait l'objet d'une exposition en décembre 2024 au Ciné 32 à Auch pour les 20 ans du Centre d'accueil de demandeurs d'asile du Gers France terre d'asile. Cette exposition est composée de 30 panneaux pour une soixantaine de photographies, chacune accompagnée d'une légende ou d'un texte témoignage.

Cette exposition peut être mise à disposition d'associations, collectivités, établissement scolaires. Elle se veut itinérante pour s'associer à tout projet de sensibilisation ou en relation avec des projets liés à la thématique des migrations, de l'éxil, de l'immigration en France.

Pour toute information complémentaire, me contacter.

DES VISAGES, DES FIGURES

2022-2024

30 photos / textes paroles en cours

Comme un registre, des visages dont je veux que l’on se souvienne, que je garde en souvenir. Des rencontres humbles et sincères, toujours vraies. Des figures, ou selon moi des personnes qui inspirent le respect par leur courage, leur détermination et souvent, leur résilience. Des hommes, des femmes qui n’ont pas eu d’autres choix que l’exil pour vivre en sécurité, qui ont dû quitter leur famille, leurs amis et affronter l’inconnu, l’inattendu, souvent au péril de leur vie. Des visages qui feront la France de demain, des figures qui pourront transmettre des valeurs humanistes, ouvrir des chemins, offrir de l’espoir aux nouvelles générations… Certains sont ou ont été de passage, un temps, le temps de l’étude de la demande d’asile puis débouté, obligés de quitter le territoire. D’autres sont restés ou resteront, s’installeront et pourront commencer alors un long travail d’intégration.

Par ce travail j'ai voulu également donner corps à ses personnes qui vivent dans l’ombre, capter la beauté et la force de cette diversité qui frappe à notre porte pour demander protection.

Du confinement au répit

2020-2021

35 photos

Durant 2 années, j'ai accompagné une éducatrice spécialisée sur des séjours de répit avec des jeunes en situation de handicap, pour la plupart atteint d'autisme.

Au départ, Elodie et Fabien, parents de 2 enfants, enseignants, décident de créer une association (support-terre-vie) pour développer et offrir un lieu de vie pour un de leur enfant Gabriel, atteint d'une maladie génétique rare et de troubles du spectre de l'autisme.

Durant le confinement, les structures médicosociales ont été contraintes de fermer. De nombreuses familles dont celle de Fabien et Elodie se sont retrouvées sans solutions pour accueillir leur enfant. Au bord de l'implosion, cette famille s'est démenée pour organiser des séjours de répit avec l'aide d'une éducatrice spécialisée dans l'autisme, Hawa. Ainsi, ces séjours ont pu profiter à de nombreuses familles habitant dans le Gers.

C'est en partageant le quotidien de ces jeunes aux côtés de l'éducatrice que j'ai pu mesurer la difficulté à vivre et accompagner le handicap. C'est alors que la question du droit au répit pour ces familles m'est apparu indispensable et nécessaire. Indirectement, j'ai voulu par mon travail photographique, encourager et soutenir cette initiative, mettre en lumière le courage et la force de ces parents contraints à trouver des solutions par leurs propres moyens, en plus de leurs activités salariées, souvent sans soutien ni aide des institutions.

Tragédie paysane

2021-2024

30 photos / Texte

C’est l’histoire de ma vie, celle de ma famille. A 18 ans j’ai choisi le chemin de l’émancipation Toulousaine alors que mon frère ainé, lui, suivait celui tracé par notre père, reprendre le flambeau de l’exploitation agricole.

André, notre père, a construit cette entreprise agricole de ses propres mains, un héritage paternel, composé au départ de quelques têtes de bovins et de quelques hectares de terre. Durant notre enfance, il passait le plus clair de son temps sur les machines, auprès de ses animaux, dans les champs… Il a passé jours et nuits, des années, à développer son activité, la diversifier afin de pouvoir en vivre, payer nos études et rembourser les emprunts, nombreux.

Mon père a investi beaucoup de son temps dans l’élevage de la Blonde d’Aquitaine, à chercher l’excellence de la race par les croisements génétiques. Ainsi, dans les années 90, remportant de nombreux concours de la race, dont celui de Paris (le salon de l’agriculture), l’élevage de mon père était reconnu comme un des plus qualitatif de France.

Ses études agricoles terminées, mon frère s’est installé en GAEC avec mon père. Par cette coopération, s’est creusé lentement, progressivement, le fossé des générations. Des désaccords naissants se sont transformés avec les années en une collaboration toxique, ruinant les chances de pouvoir transformer cette entreprise en une affaire viable et rentable. Sous les critiques constantes de notre père, mon frère s’est détaché de la ferme, le dialogue s’est rompu. André est encore omniprésent à l’âge de 78 ans (comme on peut le voir sur cette série de photographies). Il tente de sauvegarder l’exploitation qu’il a mis tant d’années à construire et dans laquelle il avait mis tant d’espoir. Cette histoire n’est pas un cas isolé dans l’agriculture, dans le milieu paysans. De nombreuses exploitations agricoles familiales sont confrontées à cette réalité, celle des conflits de générations en lien avec la transmission. Une tragédie paysane dans laquelle les liens se délitent et dont chacun souffre, même de l’extérieur.